Le gouvernement socialiste de la France 2015 a mis tous ses espoirs dans une reprise de lâactivité européenne et mondiale dont la contagion à la France inverserait la courbe du chômage.
Câest lâespoir de voir se répéter le miracle dont a bénéficié le gouvernement Jospin à la fin des années 1990 : avec une expansion économique associée à la bulle informatique, la plupart des pays européens ont connu des expansions qui dépassaient les 4% dâaugmentation annuelle du PIB. Bien que très à la traîne car souffrant déjà de près de 30 années de social-démocratie rampante, la France avait vu son PIB croître miraculeusement de 2%. Mais la crise ayant suivi lâéclatement de la bulle internet avait engendré une reprise brutale du chômage ; cette reprise avait forcé lâOFCE et lâINSEE à supprimer 400.000 chômeurs des statistiques pour éviter à Lionel Jospin de parvenir aux élections présidentielles avec un chômage officiel dépassant 9%. Câest le même miracle que lâactuel gouvernement espère pour donner des chances à François Hollande de se faire réélire.
Mais nous pouvons le rassurer : ce miracle ne se reproduira pas car, même si lâactivité internationale sâaccélérait, lâéconomie française nâest plus capable dâinverser la courbe du chômage, elle ne pourrait au mieux quâen réduire lâaugmentation.
Ce que nos hommes politiques oublient toujours, câest que les entreprises existantes ne créent pas dâemplois ; en moyenne elles en perdent, seules les entreprises nouvelles en créent.
Mais les 40 années de social-démocratie ayant débuté en 1973 avec Giscard, ont complètement détruit la fabrication de vraies entreprises nouvelles. à sa place, nous avons la création dâersatz, les villages Potemkine de lâemploi, où naissent plus de 500.000 entreprises zombies par an mais seulement 26.000 entreprises employeuses (avec au moins un emploi) contre quelque 80.000 en Allemagne, 200.000 au Royaume-Uni dont lâexpansion économique bat tous les records.
Câest le résultat de lâalliance dâun « socialisme dâÃtat », qui nourrit ses agents sous couvert dâaider lâemploi, et dâune bien-pensance de droite qui nâa cessé dâenfanter ces ersatz pour faire croire quâelle agissait.
Deux chiffres trahissent la décomposition de lâentrepreneuriat.
Comme nous lâavons vu, avoir des entrepreneurs qui créent des emplois, câest avoir des entrepreneurs qui sâenrichissent. On est entrepreneur, non parce quâon est riche, mais pour le devenir.
Avoir des entrepreneurs qui réussissent et créent des emplois, câest aussi avoir une distribution des revenus où le 1%, la part prise par le 1% les plus riches, est significative, aussi élevée que possible (car contrairement à cette absurdité que colportent les égalitaristes, le 1% nâest pas constitué de profiteurs mais essentiellement dâentrepreneurs qui innovent et prennent des risques).
Une étude de lâuniversité Princeton1 est à cet égard très significative : comme indiqué en annexe, la part du 1% en France est une des plus faibles mondialement et a chuté entre 1949 et 2005. La conséquence en est que si lâon enlève la part du 1%, la croissance du revenu moyen est très peu affectée en France, alors quâelle lâest énormément aux Ãtats-Unis. En effet, entre 1975, le début de la social-démocratie à la française, et 2006, le revenu moyen a augmenté de 27,1% en France, et seulement de 26,4% si on enlève le 1%, alors quâaux Ãtats-Unis, enlever le 1% fait chuter la hausse du revenu moyen de 32,2% à 17,9%.
Ce que ne dit pas cette étude mais que nous avons vérifié par nous-mêmes, câest que la distribution des patrimoines est restée aussi inégale en France quâaux Ãtats-Unis, montrant que nous avons gardé les fortunes des entrepreneurs engendrés par la France dans lâimmédiat après-guerre et durant les 30 glorieuses.
Les chiffres de Princeton de la distribution des revenus montrent que cette cohorte de créateurs ne sâest pas renouvelée, ce qui nâest pas surprenant. Et garantissent que nous allons continuer à nous enfoncer dans le chômage et le déclin.
Note : le coefficient β est le ratio entre le patrimoine moyen du 1% et le seuil à partir duquel on appartient au 1%. Les fortunes suivant généralement une loi de Pareto, une propriété intéressante de cette loi est que la moyenne au-dessus dâun seuil est égale à 2 fois le seuil. Ce β se relie à lâα qui caractérise la distribution de Pareto par β=α/(α-1).
Par Bernard Zimmern
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