Si Jacques Blondel avait été lâche, il serait toujours en vie…

Si Jacques Blondel avait été lâche, il serait toujours en vie…

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Claude Askolovitch s’est exprimé sur RTL au sujet du meurtre de Jacques Blondel, ce retraité de Marignane qui, au retour de la plage, a voulu barrer la route à deux malfrats à scooter venant de braquer un bureau de tabac. Selon le journaliste, c’est Jacques Blondel qui « a fait des deux voyous des assassins », et c’est un « gâchis terrible ».

C’est vrai, si Jacques Blondel n’était pas mort, il faudrait le sanctionner. Merde quoi, les deux gars roulaient bien tranquillement à leurs petites affaires et l’autre, qu’on n’avait pas sonné, vient se mettre en travers de leur chemin. De quoi j’me mêle ? A voulu jouer les héros, et toc, a transformé deux petites racailles ordinaires en grands criminels. Ça devrait être puni par la loi. Ce n’est rien que de l’incitation au meurtre. Limite si Marwan Rezgui – celui qui, selon toute probabilité, a tiré – ne devrait pas se retourner contre la veuve et les orphelins. Ou monter une association de défense contre les victimes, sans lesquelles, si l’on y réfléchit bien, il n’y aurait pas d’assassin. Martingale qui pourrait également profiter aux femmes qui, si elles n’avaient pas été si appétissantes, auraient été, à l’évidence, un peu moins violées…

En attendant une marche blanche en faveur des aigrefins en question, humanistes en butte à l’incompréhension de leurs contemporains ?

Plus sérieusement, on pensait pourtant que les Français étaient devenus des gens sensés et raisonnables. Qu’ils avaient appris à détourner les yeux et à prendre fissa la tangente sitôt qu’une vieille dame se faisait tirer son sac, qu’une jeune fille se faisait importuner dans le métro, qu’un ado se faisait insulter pour une cigarette. Eh bien non, restent toujours des fortes têtes. Quel « terrible gâchis ».

Prenez une Anne-Lorraine Schmitt. Si elle s’était laissé obligeamment violer, son agresseur ne l’aurait pas poignardée, et d’un violeur elle n’aurait pas fait un tueur. Quel « gâchis terrible » là encore…

Et je ne parle pas de tous ceux que l’on a plantés pour un « mauvais regard ». S’ils avaient humblement gardé les yeux rivés sur leurs pieds, leurs assassins n’auraient pas été tentés de s’en prendre à eux et seraient toujours de braves voyous de banlieue anonymes qui n’encombreraient pas (encore) les prisons françaises. Vraiment, quel foutu gâchis…

Laissez-vous faire, n’opposez aucune résistance, investissez, pour vos déplacements, dans des œillères afin d’éviter, par un coup d’œil indiscret, d’être témoin de ce que vous n’auriez jamais dû voir et d’être ainsi tenté d’intervenir. Oubliez ce que veulent dire les mots « défense », « secours », « assistance » et « courage » et tout va bien se passer.

Et si, d’aventure, l’appartement de Claude Askolovitch venait à être cambriolé près de chez vous, sa voiture fracturée sous vos fenêtres, son portefeuille subtilisé sous vos yeux, surtout ne dites rien. Passez votre chemin, ne jouez surtout pas les Clint Eastwood. Ne courez pas le risque coupable de transformer une petite frappe en assassin ; lequel Askolovitch, soyez en sûr, vous en sera infiniment reconnaissant.

Source: Gabrielle Cluzel

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