Comment le revenu de base universel a créé la main invisible du marché régulateur

Vous l’ignorez sûrement, mais le revenu universel n’est pas une invention d’un quelconque socialiste ou libéral, ni une idée moderne, mais une idée qui a été déjà expérimentée pendant 40 années à grande échelle il y a 240 ans. Son expérimentation, et les conséquences économiques au réel ont engendré la graine et les racines de l’économie moderne.

Malthus, Ricardo, Marx, Polanyi, Smith et même Nixon y ont puisé matière à débattre et en découler des lois et initiatives économiques.

1795 la première loi dite : loi de Speenhamland

Le revenu de base n’est pas une innovation. Le premier essai répertorié connu, a démarré dans les années 1790 dans le conté de Speenhamland en Angleterre.

A cette époque de guerres Napoléoniennes, le temps et la météorologie a tourné, la pluie abondante pendant quelques années de suite, (on accusait pas le réchauffement climatique à cette époque :-)) ) eurent pour conséquence une inflation sur les céréales. Le grain de blé, base de la nutrition de cette époque est devenu inabordable pour les franges de la population les moins aisées.

La pauvreté a augmenté, et même parmi les ceux qui avaient un travail et exerçaient une activité.

Une loi à Speenhamland fut édictée. Un revenu universel pour les agriculteurs, pour acheter du pain fut instauré. Elle a divisé le revenu universel en trois subventions. Pour ceux qui pouvaient travailler, ceux qui ne pouvaient pas, et pauvres oisifs et personnes handicapées.

Démarré à Speenhamland elle fut étendue à toute l’Angleterre l’année suivante.

La loi imposa que chaque homme puisse acheter trois pains de gallon par semaine (environ 4,5kg de pain), plus un pain et demi pour tous les autres membres de sa famille. Cela signifiait qu’un couple avec trois enfants pouvait ramener à la maison l’équivalent de plus de 12,5Kg de pain par semaine.

Cette loi de revenu universel dura 40 ans et eu des conséquences aux antipodes de ses buts initiaux. En 1834, un rapport de la Commission royale sur le fonctionnement des lois sur les pauvres de 1832 qualifia le système Speenhamland de « système universel de paupérisme », et en 1834 l’Angleterre mettra fin au revenu universel.

Le système permettait aux employeurs, de payer des salaires inférieurs au salaire de subsistance, aux salariés de réclamer moins, car le revenu universel compensait la différence et maintenait leurs travailleurs en vie.

L‘Angleterre toute entière, la gueule de bois, décréta que le programme avait totalement échoué et désastreux. Il fut abrogé « tout le monde était d’accord ». Un ressenti d’échec qui servit de base à la science économique Anglaise et ensuite mondiale.

La réalité, le revenu universel a engendré des effets pervers terribles, le surendettement, l’oisiveté, la dépendance, la dévalorisation de la valeur du travail la lutte des classes entre ceux qui finançaient et ceux qui recevaient sans rien faire et en aucun cas a mis fin a la misère ni offert de meilleurs revenus aux gens. Le revenu de base tourna au cauchemar, engendra un nombre de démunis encore plus grand et n’a jamais réduit la misère ou le mal vivre.

Pendant ces 40 années et après, le système a causé beaucoup de débats et monopolisé tous le politiciens de l’époque. Les commentateurs de droite déploraient que la distribution encourageait les classes laborieuses à se reproduire, cela freinait l’innovation dans l’agriculture et coûtait à la collectivité trop d’argent. Les commentateurs de gauche s’indignait du fait qu’elle fournissait aussi une subvention aux agriculteurs riches, qui étaient libres de profiter de l’inflation des biens sans répercuter les augmentations de salaires.

De ces 40 années, les grands théoriciens connus de l’économie y ont puisés des arguments.

Thomas Malthus a postulé que les subventions à la pauvreté incitaient les couples à faire des enfants, au delà du raisonnable en créant une surpopulation, et les déresponsabilisaient de leurs possibilités réelles financières de les élever.

Son contemporain David Ricardo exposa que le modèle de Speenhamland était un revenu invitant à l’imprudence, la déresponsabilisation individuelle et de l’autre dévalorisant les travailleurs manuels de l’industrie.

Adam Smith contemporain de ces années s’en inspira pour montrer l’efficience du marché et de la « main invisible ».

Karl Marx quelques années plus tard a attaqué le système Speenhamland , dans « Das capital ». il chercha à démontrer que les allocations de solidarité sont une incitation à maintenir à un bas niveau les salaires.

Bien plus tard en 1968, les économistes Karl Polanyi et Gary Bekker se sont invectivés sur l’analyse du comportement automatique de l’individu de cette période, comportement calculateur et rationnel envers toujours son intérêt.

En 1969, le président républicain Richard Nixon cherchait à conquérir les votes des gens moins aisés. Il préparait un nouveau programme radical de réduction de la pauvreté « the Family Assistance Plan », lorsqu’un conseiller lui envoya une note sur l’expérience de Speenhamland.

Nixon avait initialement prévu que chaque famille pauvre de quatre personnes en Amérique avec zéro revenu recevrait 1600 dollars par an (l’équivalent d’environ 11000 dollars aujourd’hui), plus des bons alimentaires. Le revenu disparaîtrait à mesure si le gain individuel augmente.

La seule chose qui a survécu de cette ébauche de plan fut la peur de Nixon, inspirée par Speenhamland, d’avoir été un concept pour satisfaire les pauvres oisifs. L’idée que les gens se comportent moins bien et sont moins volontaires lorsqu’ils sont protégés des conséquences.

En avril, le gouvernement finlandais a décidé de mettre en pause un programme de revenu universel de base initié en 2017 sur un échantillon aléatoire de 2 000 chômeurs âgés de 25 à 58 ans sans aucune condition.

Le ministre finlandais des Finances, Petteri Orpo, a argumenté que le programme rendait les gens « passifs ».

Que conclure du revenu universel de base ?

Les propositions de revenu universel de base échouent toujours pour de nombreuses raisons. 

L’universalité tend à diriger les ressources vers les personnes qui n’en ont pas besoin, tout en augmentant la dépendance et en diminuant le travail au sein de la population vraiment démunie.

Les exigences d’un travail rémunéré jouent sur la volonté individuelle, et aident bien plus les personnes dans la pauvreté à atteindre par eux même l’autosuffisance.

La lacune la plus apparente dans l’idée de revenu universel de base est le manque d’exigences de travail.

De plus, la grande majorité de nos concitoyens admettent mal que les gens ne soeint pas obligés de travailler en échange d’avantages sociaux.

Malgré les objectifs admirables de l’offre sur le papier du revenu universel de base, la réalité est que ce revenu réduit le travail, la volonté d’autonomie, augmente la dépendance, et surcharge le contribuable.

Quand le travail n’est, ni plus ni moins « noble » que la collecte d’un revenu universel, c’est toute la prospérité générale qui s’écroule.

Le revenu universel de base a un point commun avec le communisme. La dissuasion pour l’ambition, l’autonomie et la prise de risques.

Les Français septiques qui croient au revenu universel devraient retenir les leçons de 1834 ou aussi l’écroulement de la productivité des anciens pays de l’Est, ou chacun avait un emploi, mais en réalité, sur 10, 2 travaillaient et 8 regardaient, puisqu’à la fin, comme avec le revenu universel ou tout le monde a un revenu garanti, personne n’est motivé.

Quelques sources

http://www.berkshirerecordoffice.org.uk/this-months-highlight/this-months-highlight-2011/speenhamland-system-1795/

https://en.wikipedia.org/wiki/Speenhamland_system

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