Qu’ils soient petits ou grands, partis ou nations, il en est des groupes comme des individus. La maturitĂ© donne aux uns la sagesse et la patience grâce auxquelles les autres, ceux qui n’ont pas encore acquis le sens des responsabilitĂ©s ou qui ne l’auront jamais, s’accordent le droit de s’exprimer et d’agir, sans plus se soucier des consĂ©quences de leurs propos que de leurs actes, avec pour seule prĂ©occupation la contestation de ce qui existe ou d’en tirer profit sans vergogne.
Certes, comme Ă des enfants, il faut de temps Ă autre laisser la bride sur le cou aux moins raisonnables d’entre eux ; leur offrir la possibilitĂ© de dire et faire pour apprendre, au risque de les voir commettre des erreurs coĂ»teuses, voire des abus. Il faut bien que jeunesse se passe ! Chacun doit jeter sa gourme. C’est d’ailleurs parfois, il faut l’admettre, la seule manière de provoquer le changement que de bousculer un ordre Ă©tabli et qui stagne
L’observation des comportements des uns et des autres par l’analyse transactionnelle, appliquĂ©e Ă la sociĂ©tĂ©, est parfaitement claire sur un point au moins : le pouvoir, suppose que ceux qui l’exercent laissent s’exprimer ceux qui le subissent. Comme pour l’impĂ´t, trop de pouvoir tue le pouvoir. Faute d’obtenir ou de nĂ©gliger l’adhĂ©sion de leurs opposants, il reste parfois aux dĂ©tenteurs de ce pouvoir Ă compter les coups et voir monter l’addition, jusqu’à ce que vienne le temps de reprendre les choses en mains, de remettre de l’ordre dans la maison, d’envoyer les uns au coin et de punir plus sĂ©vèrement les autres, sauf Ă ĂŞtre contraints de passer la main.
Comme dans ces carnavals destinĂ©s au dĂ©foulement de la jeunesse. PassĂ©e l’ivresse de l’expression la plus dĂ©bridĂ©e, ceux qui font la fĂŞte, en se saoulant moins d’alcool que de braillements et de gesticulations, seront naturellement ramenĂ©s aux rĂ©alitĂ©s de l’existence. Puis, après avoir repris conscience, sans pour autant s’ĂŞtre forcĂ©ment assagis, ils voudront s’essayer aux responsabilitĂ©s de ce pouvoir qu’ils ont tant conspuĂ© – lorsqu’il n’en sont pas trop effrayĂ©s ni incapables – ils commettront alors leurs propres erreurs. Ainsi va la vie des nations.
Nul ne peut, pas plus individuellement que collectivement, impunĂ©ment grandir ; acquĂ©rir son autonomie, sans qu’il en coĂ»te aux autres et surtout Ă ceux qui se sentent responsables et comptables de l’avenir devant leur descendance. D’autant qu’il en est dont l’ambition est nullement de parvenir Ă maturitĂ© – bien au contraire – et que leur volontĂ© affichĂ©e de conquĂ©rir moins le pouvoir que ses attributs, conduit Ă bien des dĂ©sillusions qu’ils ne pourront jamais avouer.