Maintenant que les cendres retombent, les appels à lâunitÃĐ nationale ne doivent pas exonÃĐrer ceux qui les instrumentalisent de leurs responsabilitÃĐs dans les crimes islamistes de janvier et novembre. Ou alors cette incantation serait dangereusement pervertie. Examinons donc froidement le rÃīle de François Hollande dans le processus qui a conduit aux rÃĐcents meurtres à Paris et Saint-Denis.
LâÃĐlÃĐment dÃĐclencheur ÃĐvident et immÃĐdiat est son durcissement apparent contre Daech en Syrie et notamment les quelques bombardements entrepris par lâaviation française à partir du 27 septembre dernier. Selon les termes mÊmes du communiquÃĐ de presse de lâÃlysÃĐe ce jour-là : ÂŦ La France a frappÃĐ en Syrie. Nous lâavons fait sur la base de renseignements collectÃĐs au cours des opÃĐrations aÃĐriennes engagÃĐes depuis plus de deux semaines, dans le respect de notre autonomie dâaction, en coordination avec nos partenaires de la coalition. Âŧ Ces attaques suivaient en effet lâannonce de vols de reconnaissance dÃĐbut septembre.
Tout cela ÃĐtait bel et bon. à la condition toutefois que des cibles significatives fussent à la portÃĐe de nos interventions. Or, quâa-t-on appris ces derniers jours ? Les frappes du 27 septembre et les quatre qui ont suivi nâÃĐtaient dirigÃĐes que contre deux centres dâentraÃŪnement et des sites pÃĐtroliers. Elles ÃĐtaient anecdotiques par rapport à ce que font les AmÃĐricains qui les effectuent par dizaines. Câest vers ces derniers du reste, dÃĐtenteurs des informations tactiques nÃĐcessaires à lâaction, que la France sâest enfin tournÃĐe aprÃĻs les attentats du 13 novembre. Le Drian et son homologue amÃĐricain Ashton Carter sont convenus dâun partage des renseignements le dimanche 15 novembre. ÂŦ Depuis deux jours, le travail est beaucoup plus nourri avec les Ãtats-Unis pour lâidentification des ciblesâĶ un certain nombre de malentendus se sont dissipÃĐs Âŧ a admis le ministre Français de la DÃĐfense. Il ÃĐtait temps. Le ÂŦ respect de notre autonomie dâaction Âŧ quâil invoquait en septembre nâavait donc aucun sens tactique.
Si lâon veut bien rÃĐsumer froidement la situation, avant le 13 novembre, notre aviation avait essentiellement effectuÃĐ des raids symboliques sans disposer des informations nÃĐcessaires pour porter des coups rÃĐels à lâennemi. Juste ce quâil faut pour lâexciter âĶ rien pour vraiment lâaffaiblir alors mÊme que nous sommes beaucoup plus prÃĻs des rÃĐtorsions possibles que la lointaine AmÃĐrique. Ayant attisÃĐ la vindicte de Daech, le gouvernement a-t-il pour autant pris les prÃĐcautions nÃĐcessaires à la surveillance efficace de notre territoire ? Les nombreuses rÃĐvÃĐlations de ces derniers jours sur les dÃĐplacements sans encombre des terroristes entre la France et la Syrie dÃĐmontrent que ce ne fut pas le cas.
Câest uniquement pour cause de Cop 21 que François Hollande a annoncÃĐ, il y a trois semaines, le rÃĐtablissement de contrÃīles aux frontiÃĻres dont Manuel Valls dit, du reste, quâils ne peuvent constituer une protection suffisante. NâÃĐtaient les circonstances, il serait cocasse de rappeler que le ministÃĻre de lâIntÃĐrieur annonçait le 30 juin dernier la crÃĐation dâun ÃĐtat-major opÃĐrationnel de prÃĐvention du terrorisme rattachÃĐ directement au cabinet du ministre. ÂŦ Sur les 4 000 individus suivis pour radicalisation ou terrorisme, il ne doit plus y avoir de loupÃĐ. Nous devons savoir sur chaque suspect ce qui a ÃĐtÃĐ fait à son sujet dans le passÃĐ et quel service travaille dÃĐsormais sur lui Âŧ, prÃĐcisait alors Bernard Cazeneuve. Un tel ÃĐchec aprÃĻs un tel engagement justifierait cent fois une dÃĐmission !
Bref, prÃĐsident et gouvernement ont fait attaquer purement symboliquement un ennemi dont ils savaient quâil pouvait frapper sur notre sol sans en tirer de consÃĐquences en termes de protection de notre territoire. Les dÃĐfaillances de janvier 2015 se sont reproduites en novembre ; câest une inconsÃĐquence, une faute ÃĐnorme. ÂŦ When you shoot, shoot to kill Âŧ : ÂŦ Quand tu tires, tire pour tuer Âŧ dit un cÃĐlÃĻbre adage amÃĐricain. Les demi-mesures du pouvoir ont mis la France en danger sans aucun bÃĐnÃĐfice pour les Syriens victimes de Daech.
Quâelle est lâexplication de cette attitude ? Au mieux le goÃŧt de la comâ sâemparant des dÃĐcisions militaires. Au pire, et je sais que cette hypothÃĻse peut choquer, lâespoir diffus et cynique quâune stratÃĐgie de la tension renforce un pouvoir impopulaire. AprÃĻs tout, les attentats de janvier ont eu pour effet de redorer temporairement le blason sondagier de François Hollande et ceux de la semaine derniÃĻre ont paraÃŪt-il la mÊme consÃĐquence. Les ÃĐlecteurs bobos et musulmans notamment se disent quâHollande limite les effets dâun possible courroux populaire qui les inquiÃĻte. Peut-Être leur mobilisation rÃĐduira-t-elle la casse socialiste aux rÃĐgionales ? Gaspard Gantzer, spin doctor de lâÃlysÃĐe, twittait fiÃĻrement que lâaction prÃĐsidentielle ÃĐtait approuvÃĐe par 73 % des Français au moment mÊme oÃđ le Raid menait lâassaut. Nos lecteurs le savent, François Hollande fait preuve constamment et dans tous les domaines dâun goÃŧt pour la manipulation et le double langage qui agit sur lui comme un mauvais gÃĐnie. Pourquoi en serait-il diffÃĐremment sur ce sujet ?
Depuis les attentats, le Parlement a votÃĐ une prolongation de lâÃĐtat dâurgence dont lâun des effets principaux est de permettre au pouvoir dâinterdire les rÃĐunions qui ne lui plaisent pas. Comme par hasard, les rassemblements au nom du vivre-ensemble place de la RÃĐpublique sont tolÃĐrÃĐs. Envisagez-donc une manifestation pour dÃĐnoncer lâimpÃĐritie du gouvernement, demander lâexpulsion des salafistes ou lâinterdiction du port du voile, vous verrez les cars et les matraques des CRS arriver trÃĻs vite. Pendant trois mois au moins, vous pourrez bien trÃĐpigner devant votre ordinateur mais la rue, le territoire rÃĐel, ÃĐchapperont à toute parole que le pouvoir ne tolÃĐrera pas. Nous sommes entrÃĐs pour un certain temps dans la libertÃĐ dâexpression rÃĐduite au virtuel. Sans lâinstauration de cette censure à gÃĐomÃĐtrie variable, il est probable quâun emballement critique à lâÃĐgard de ce pouvoir gravement dÃĐfaillant se serait dÃĐjà traduit dans la rue. Ce que lâÃĐtat dâurgence protÃĻge, ce sont avant tout nos gouvernants. Au passage, la campagne pour les ÃĐlections rÃĐgionales est gelÃĐe, les socialistes espÃĐrant que lâunion nationale sâinstille jusque dans les isoloirs.
Jâai montrÃĐ dans mon dernier livre La marche des lemmings comment François Hollande, puissamment secondÃĐ par de nombreux organes de presse, a rÃĐussi à escamoter ses responsabilitÃĐs dans la survenue des crimes chez Charlie Hebdo, à Montrouge et dans lâhypermarchÃĐ casher de la porte de Vincennes. Et comment le discours sur le refus des amalgames a permis dâocculter la complaisance politique vis-à -vis du raidissement rÃĐactionnaire dâun nombre grandissement de musulmans en France. CâÃĐtait cela et rien dâautre, ÂŦ lâesprit du 11 janvier Âŧ. Cette fois, il nâest plus possible dâobscurcir la rÃĐflexion publique avec deux ou trois slogans et une grande manifestation. Il faut donc dÃĐplacer un peu plus le curseur vers la censure et le contrÃīle des opposants au prÃĐtexte de lâunion nationale.
Puisque nous sommes encore, semble-t-il, dans un rÃĐgime dÃĐmocratique, il paraÃŪt de la plus grande importance que les socialistes et leurs complices soient sÃĐvÃĻrement sanctionnÃĐs dans les urnes à lâoccasion des prochaines ÃĐlections rÃĐgionales. Quelles que soient les autres listes qui ont votre prÃĐfÃĐrence, votez pour elles, pas pour le pouvoir ! Car la vraie solution à tous ces problÃĻmes est quâHollande sâen aille au plus vite. Toute son action politique tend à anesthÃĐsier les Français. Mais cet engourdissement prolongÃĐ finira par avoir de nouvelles consÃĐquences mortelles. Un an et demi à attendre, câest beaucoup trop long.
Source:Â http://www.delanopolis.fr/Attentats-la-faute-inexcusable-de-Francois-Hollande_a2668.html
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