On apprend que Fleur Pellerin vient de saisir le procureur de la RÃĐpublique sur la base du fameux article 40 du Code de procÃĐdure pÃĐnale (lâobligation faire aux fonctionnaires de dÃĐnoncer les faits dÃĐlictueux dont ils ont eu connaissance). Pur affichage opportuniste du ministre, trois jours aprÃĻs que lâassociation Anticor eut dÃĐjà portÃĐ plainte contre Mme Saal !
Je relatais dans un article prÃĐcÃĐdent ce quâil fallait penser du cas de Mme AgnÃĻs Saal, le scandale nâÃĐtant pas tant les indÃĐlicatesses de la dame, ou son recasement au ministÃĻre, mais que ces pratiques fussent couvertes par le statut de la fonction publique et que lâadministration française en est arrivÃĐe à un tel niveau de corruption quâil nây a plus de sanctions possibles, ni de rÃĐcompenses pour les meilleurs ÃĐlÃĐments, ceux qui ne sont pas partis sous dâautres cieux faire rÃĐcompenser leurs talents.
En ce moment, du reste, le retour au devant de la scÃĻne du petit juge Burgaud est bien plus exemplaire du ÂŦ responsable mais pas coupable Âŧ, et dâune forme dâimpunitÃĐ dÃĐlÃĐtÃĻre. Car ce monsieur a brisÃĐ des vies, et non parce quâil aurait ÃĐtÃĐ jeune et inexpÃĐrimentÃĐ mais par le fait de son arrogance et de cette prÃĐtention à lâomniscience quâon lui a inculquÃĐe sur les bancs de lâÃcole nationale de la magistrature, et quâil nâen a eu ni regrets, ni remords, et quâil a ÃĐtÃĐ promu malgrÃĐ toutes les casseroles quâil avait au derriÃĻre.
Chaque annÃĐe, la Cour des comptes fournit à foison des listes dâabus, de gabegies et dâindÃĐlicatesses dans lâadministration, de celles quâelle a pu connaÃŪtre, de la partie ÃĐmergÃĐe de lâiceberg, et ça ne se termine presque jamais face à une cour de discipline ou devant les tribunaux. De mÊme que les scandales sanitaires sont restÃĐs impunis. De mÊme que les dÃĐsastres et faillites de grandes entreprises dirigÃĐes par des ÃĐnarques et des polytechniciens. De mÊme pour ces enseignants pÃĐdophiles recasÃĐs par le rectorat.
à cÃītÃĐ de lâoligarchie politique, mÃĐdiatique et mÊme ÃĐconomique qui possÃĻde tous les pouvoirs, lâautre mal dont souffre la France tient aux privilÃĻges de la haute fonction publique et à lâimpunitÃĐ qui y rÃĻgne. Comme par hasard, les oligarques de la politique et les hauts fonctionnaires sont souvent les mÊmes.
Je lâai moi-mÊme expÃĐrimentÃĐ comme fonctionnaire, et si je donne ici lâimpression de cracher dans la soupe, je le fais dâautant volontiers que jâai payÃĐ cher ma libertÃĐ de ton. Il nâest pas de corporatisme plus fort en France que celui de lâappartenance aux corps de lâÃtat, des ÃĐcoles qui y mÃĻnent et des ministÃĻres qui les abritent. Tout peut Être pardonnÃĐ dans une carriÃĻre, sauf de dire du mal de lâÃĐcole qui vous a promu dans la hiÃĐrarchie des distinctions, et du ministÃĻre qui vous tient par la bride du salaire et par le mors des promotions.
Câest à cette aune quâil faut comprendre la position du FN, telle que formulÃĐe par Florian Philippot, ÃĐnarque et membre du corps des inspecteurs de lâadministration, au regard des grÃĻves de cheminots. Pourquoi faudrait-il fustiger le corporatisme des petits et faire piÃĻce à leurs petits avantages acquis quand aucun des gros privilÃĻges et du corporatisme ÃĐhontÃĐ des plus gros nâest jamais remis en cause ?
La solution nâest certes pas dans un renforcement des prÃĐrogatives de la haute fonction publique, comme ce disciple de ChevÃĻnement serait tentÃĐ de nous le faire avaler, avec son colbertisme dÃĐpassÃĐ ou son ÃĐtatisme de derriÃĻre les fagots, mais bien dans la fin des privilÃĻges de lâoligarchie politico-administrative, une nouvelle nuit du 6 aoÃŧt !
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