Si la retraite par capitalisation permet d’assurer les retraites et de nourrir l’investissement, la retraite par rĂŠpartition, au contraire, rend impossible le financement des retraites et cause de graves dĂŠgâts Ă l’ĂŠconomie.
Lors de cet ĂŠnième dĂŠbat sur nos retraites, qui rythme dĂŠsormais le spectacle social-dĂŠmocratique comme une sĂŠrie avec ses saisons, certains ont raisons comme Jean-Claude Mailly de s’indigner quand on considère l’allongement de la vie comme un problème.
En effet, on ne peut que se rĂŠjouir que les gens vivent plus longtemps, et en meilleure santĂŠ, et n’ĂŠtant pas certain de ce qui se cache dans l’au-delĂ , je prĂŠfère m’en tenir Ă mon existence terrestre le plus longtemps possible, mĂŞme si elle est semĂŠe de vicissitudes et de dĂŠceptions Ă rĂŠpĂŠtitions.
Mais cet allongement de la vie est problÊmatique pour notre système de retraite collectivisÊ et par rÊpartition, et je prÊcise bien pour ce système-là , et uniquement celui-là . En effet la retraite se faisant plus longue, les actifs (termes Êlogieux pour dÊsigner ceux qui doivent payer pour ceux qui ne travaillent plus) se voient contraints de supporter une charge toujours plus grandissante de retraitÊs ; problème aggravÊ quand il y a en prime une inversion de la pyramide des âges (le problème se poserait aussi sans cette inversion).
Alors ce qui est un progrès indĂŠniable devient soudainement une source d’inquiĂŠtude ; le retraitĂŠ coĂťte cher. Et ce fardeau nous appauvrit, nourrissant le mĂŠcontentement populaire. Il n’est pas rare que j’entende, ci et lĂ , certains se demander s’il est nĂŠcessaire de vivre si longtemps, et surtout pour finir en ces tissus de souffrances ridĂŠs qui se dĂŠbattent stĂŠrilement dans leur lit.
Ăvidemment toutes ces belles âmes n’iraient jamais jusqu’Ă les euthanasier ces pauvres vieux. Mais après tout, rien que d’en ĂŠvoquer l’idĂŠe inspirerait des plus radicaux qui pour sauver notre belle sociĂŠtĂŠ collectiviste se dĂŠvoueraient pour la bonne cause.
Mais le cĹur du problème rĂŠside dans cette affirmation que le vieux a un coĂťt, ou du moins que les retraites deviennent un fardeau. C’est s’imaginer que nous sommes face Ă une impasse, Ă un problème insoluble, Ă un effet secondaire de notre sociĂŠtĂŠ actuelle et c’est surtout ne pas comprendre pourquoi les gens vivent si longtemps, et encore moins pourquoi la retraite par rĂŠpartition est condamnĂŠe Ă disparaĂŽtre.
Si l’on vit plus longtemps, ce n’est pas le fruit du hasard, mais de l’accumulation du capital. Une accumulation de capitaux qui s’est faite gĂŠnĂŠration après gĂŠnĂŠration, ĂŠtape par ĂŠtape, progressivement, laborieusement, amĂŠliorant notre productivitĂŠ, libĂŠrant du temps pour nos loisirs, nous assurant des plages de repos et augmentant notre espĂŠrance de vie. Dans une sociĂŠtĂŠ oĂš l’on produit en une journĂŠe de quoi se nourrir un jour, et uniquement un jour, il n’y a nul temps libre, mais seulement une vie marquĂŠe du sceau de la prĂŠcaritĂŠ et de la brièvetĂŠ. Si l’on a permis Ă des gens de vivre leur dernier jour sans travailler, ou d’avoir simplement des loisirs, ou mieux encore des vacances, du temps libre en somme, c’est que l’on ĂŠtait en mesure de produire de quoi les nourrir, ainsi que nous par la mĂŞme occasion et le mĂŞme jour, en leur ĂŠpargnant ce labeur. Il ne peut en ĂŞtre autrement.
Cette accumulation de capitaux a permis tous les progrès de la science dont nous bĂŠnĂŠficions aujourd’hui. Et c’est toujours cette accumulation de capitaux qui a permis cette gĂŠniale invention qu’est la retraite par capitalisation.
Mais pour accumuler du capital, il faut ĂŞtre dans une sociĂŠtĂŠ oĂš l’on produit plus que ce que l’on consomme. Sans cela, il n’y a aucun espoir d’amĂŠliorer nos conditions de vie. C’est sans appel.
Et il sâavère que nos sociĂŠtĂŠs sont gangrenĂŠes par des institutions qui dĂŠtruisent plus de richesses qu’elles n’en produisent et qui, inĂŠluctablement, pour subsister, se financent sur la richesse des autres, comme des parasites. Cependant tant que leurs destructions nâexcĂŠdaient pas ce que nous pouvions ĂŠpargner en capitaux, le progrès ĂŠtait encore possible. Mais quand vint le jour oĂš ces institutions dĂŠtruisaient plus que ce que nous produisions, alors en lieu et place de nous rĂŠformer, nous nous sommes endettĂŠs. Nous avons reportĂŠ les consĂŠquences nĂŠfastes de ce processus de destruction sur les gĂŠnĂŠrations suivantes.
Et le jour viendra oĂš les gĂŠnĂŠrations suivantes seront les gĂŠnĂŠrations actuelles : elles devront rĂŠgler les comptes lĂŠguĂŠs par leurs parents. Ce qui sera impossible. Car ces institutions auront ĹuvrĂŠ encore, et la destruction sera telle que le solde ne pourra ĂŞtre rĂŠglĂŠ par manque de moyens.
L’ironie est que parmi ces institutions, il y a celle en charge de nos retraites !
Alors que la retraite par capitalisation permet non seulement de finir ses jours sans travailler mais aussi dâĹuvrer Ă l’amĂŠlioration de nos conditions de vie en gĂŠnĂŠral par les capitaux qu’elle rend disponibles, la retraite par rĂŠpartition, au contraire, rend impossible le financement des retraites et, par son coĂťt, engendre des dĂŠgâts dans tous les autres domaines de la sociĂŠtĂŠ.
Mais si nous en sommes arrivĂŠs lĂ , c’est que nous sommes les victimes d’une intoxication massive nous faisant croire que la retraite, mais aussi la santĂŠ ou l’ĂŠducation ne sont pas soumis aux mĂŞmes lois que les industries dites classiques. Ils ne peuvent que consommer du capital et ne sont producteurs d’aucune richesse. Ce qui est paradoxal pour des choses censĂŠes nous protĂŠger du besoin.
Alors que par le dĂŠveloppement de ce couple capital/productivitĂŠ, nous avons rendu disponibles nourritures, habits, ordinateurs, logements et j’en passe, sans que cela ne se fasse aux dĂŠtriments de qui que ce soit, mais en ĂŠtant un plus pour la sociĂŠtĂŠ, un bienfait, un gain et non un coĂťt, pour la retraite, en ne prenant qu’elle, ce ne serait pas envisageable, impossible, utopique. Cette mĂŞme retraite qui, si l’on suit consciencieusement les règles ĂŠconomiques les plus simples, ne peut ĂŞtre rendue possible que par l’amĂŠlioration de notre productivitĂŠ.
VoilĂ le plus grand enfumage de notre ĂŠpoque.
Il n’y a aucune raison que la retraite, l’ĂŠducation ou la santĂŠ ne deviennent pas un gain pour la sociĂŠtĂŠ, une contribution Ă l’amĂŠlioration de notre vie, comme le sont les autres biens et services, et cela par l’accumulation de capitaux.
Mais trop soucieux de conserver leurs privilèges, ou bien victimes de leurs propres croyances (ce qui est pire), beaucoup refusent de revenir sur les fondations d’un système, comme la retraite par rĂŠpartition, qui ne peut qu’inĂŠluctablement emporter la sociĂŠtĂŠ dans les abĂŽmes de la faillite.
Alors on prÊfère voir la vieillesse, qui devrait nous rÊjouir, comme un fardeau, un malheur, un coÝt.
Et cela promet des lendemains qui vont chanter joyeusement.
Souce: Â http://boboliberal.blogspot.fr/