Et si Maurice Taylor avait raison ?

Et si Maurice Taylor avait raison ?

130225

L’étonnante publication de la correspondance entre le président
de la firme américaine Titan et le ministre du prétendu Redressement industriel
fait rebondir le dossier de la désertification économique des activités de notre
pays.

D’excellents esprits s’inquiètent ou s’indignent de voir
disparaître l’industrie française. Christian Saint-Etienne en a fait la trame
de son livre comme de sa conférence, plus radicale, du 19 février.
Fait bien réel, et fort significatif : les usines de l’Hexagone ferment.
Les ouvriers français ne trouvent plus d’emploi dans leur pays. Des régions
hier encore considérées comme bassins de production deviennent des océans de
chômage. Les politiciens passent, ils promettent des solutions. Ils ne les
trouvent pas.

En 2007 un candidat promit qu’on allait réhabiliter la valeur
travail. Il fut élu p.de la r. Il fit quelques réformes. Mais rien ne fut
« réhabilité ». Il ne fut pas réélu.

En 2011 un de ses rivaux publiait un livre où il lançait un mot
d’ordre subtil. Il se préoccupait de produire en France. Cette dérivation du
slogan communiste d’hier « produisons français » est demeurée à peine
perceptible au regard des journalistes. Formule du PCF naguère, rhétorique FN
désormais. « C’était, aurait écrit Paul
Morand, un jeune homme d’autrefois, c’est-à-dire à peu près une jeune
fille d’aujourd’hui »
. Tout passe, tout
casse. Et tout lasse.

Ainsi donc malgré son méritoire essai l’agrégé d’histoire
François Bayrou assista d’abord à l’annexion de son programme puis à
l’effritement de son électorat. L’effort n’a pas plus été récompensé que le
travail n’avait été réhabilité.

En 2012, en effet, ça se gâte. En 1945 on avait fait du
stalinien Marcel Paul un ministre de la Production industrielle. Cette fois on
bombarde un avocat snobinard de Saône-et-Loire au « redressement »
industriel. Dossier après dossier, son incompétence éclate. Qu’importe, il est
présenté comme une sorte de chouchou, d’enfant terrible de la gauche pure et
dure. On l’encourage un peu partout, malgré les démentis du Premier ministre
Ayrault, cavalier sans assiette incapable de tenir sa monture.

Dans son échange de missives avec Maurice Taylor, il commet
quatre fautes :

1° la première consiste à laisser diffuser une lettre dont il
croit qu’elle va mettre l’opinion de son côté, mais qui n’était aucune destinée
à une circulation publique

2° la seconde consiste à répondre à ce qu’il considère lui-même
comme des propos extrémistes et provocateurs. Le propre de ce genre de
situation est qu’il ne faut précisément jamais tomber dans ce piège.

3° il menace. En toutes circonstances, cette attitude dénote
une faiblesse. Ou bien on prend effectivement des mesures hostiles, ou bien on
se tait. Mais bien plus ces mesures dont on agite faussement la perspective, – ou bien elles correspondent à
un devoir de contrôle des autorités françaises dans l’intérêt des
consommateurs, et alors inutile d’en brandir l’hypothèse, il faut agir – ou bien elles contredisent les
accords du Gatt d’hier, devenu OMC, laquelle est actuellement dirigée… par un socialiste
français M. Pascal Lamy.

4° La plus grave est de s’enferrer dans une position intenable,
et anti économique. Il cite le nom d’un officier de Louis XVI devenu l’enseigne
d’un grand magasin, il invoque les liens historiques entre deux pays, là où il
implore en définitive un investisseur privé étranger.

Or, à relire à deux fois la lettre de Maurice Taylor,
factuellement, on ne voit pas, en dehors du style, ce qu’elle contiendrait de
faux.

Il ne se trompe que sur un point, en qualifiant de
« fou » un syndicat qui n’a jamais cessé depuis 1947 de mériter tout
simplement l’appellation de communiste.

Si on ne voulait pas d’un discours réaliste typiquement
américain, et de sa façon peu diplomatique, si peu politicienne de dire la
vérité, il ne fallait pas aller chercher Titan, il ne fallait pas bercer de
cette illusion les ouvriers de l’usine Goodyear.

Le 5 février encore Les Échos nous informaient très
sérieusement que : « La CGT demande au groupe Titan de reprendre
les pneus agricoles »
, etc.

Dans l’univers de Montebourg on n’aime pas entendre dire que

deux et deux font quatre et que la terre est à peu près ronde. On juge cela
grossier et déprimant. On préfère encore recevoir les encouragements de
Mélenchon qui rend Jean-Marc Ayrault responsable des erreurs répétées du
camarade Montebourg « cet Américain est un rustre arrogant. Il s’adresse
à la France comme un gringo aux latino-américains. D’où lui vient cette
insolence ? C’est évident, il a vu comment il a baissé les yeux devant
Mittal. Ayrault a donné un signal aux patrons et à la finance mondiale :
en France, ils sont les rois ! à ce niveau de gravité, c’est au Premier
ministre de monter en ligne. Son silence est consternant. »

Avec de tels raisonnements on comprend M.
Taylor : un syndicat fou, un gouvernement incapable, une gauche en délire.
Pourquoi un industriel américain investirait-il dans un pays pareil ? « Posez la question, dit-il à propos de Montebourg, à cet imbécile ».

sources: http://www.insolent.fr/ 

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