A force de vouloir tout faire, il ne se passe rien. Et pourtant, c’est le credo de François Hollande. MalgrÃĐ les mauvaises prÃĐvisions : le gouvernement maintient ses objectifs de croissance et de baisse du chÃīmage. Le dÃĐficit, lui, sera rÃĐduit l’annÃĐe prochaine aux fameux 3% du PIB espÃĐrÃĐs. Un mÃĐlange bancal qui emmÃĻne la France droit dans le mur.
Le PrÃĐsident de la RÃĐpublique a, lors de sa visite du 23 fÃĐvrier au Salon de lâagriculture, pris acte des nouvelles prÃĐvisions de croissance et de dÃĐficit pour 2013. Il a cependant maintenu les objectifs quâil avait fixÃĐs à lâautomne dernier. Dans la confÃĐrence de presse quâil a faite, il a alors dÃĐclarÃĐ : ÂŦ La trajectoire est bien celle dâarriver à un ÃĐquilibre des finances publiques à la fin du quinquennat (âĶ) Pour y parvenir, il nâest pas besoin dâajouter de lâaustÃĐritÃĐ en 2013 simplement tenir nos engagements Âŧ. Puis, revenant sur le propos : ÂŦ Mais nous avons à donner des gages de sÃĐrieux budgÃĐtaire en 2014 et notamment des ÃĐconomies qui devront Être faites dans tous les budgets, de lâÃtat, des collectivitÃĐs locales de la sÃĐcuritÃĐ sociale pour que nous puissions continuer à rÃĐduire nos dÃĐficits publics Âŧ. Il a aussi maintenu son objectif dâinverser la courbe du chÃīmage, en dâautres termes dâarrÊter la montÃĐe continue que nous connaissons et de commencer un mouvement de rÃĐduction, dÃĻs 2014 : ÂŦ 2013 sera marquÃĐe par une progression du chÃīmage. En 2014 nous serons sur une reprise.  à partir de là , nous pouvons commencer à crÃĐer de lâemploi Âŧ. Tout montre que le PrÃĐsident et le gouvernement entendent continuer la mÊme politique, et ce en dÃĐpit dâune ÃĐvolution de la situation toujours plus dÃĐfavorable, mais qui ÃĐtait prÃĐvisible (et avait ÃĐtÃĐ prÃĐvu) depuis la rentrÃĐe 2013.
La persistance dans lâadversitÃĐ est une qualitÃĐ. Elle est importante pour tout responsable. Lâobstination peut mÊme Être en temps de crise une grande qualitÃĐ. Mais lâentÊtement infantile, celui qui vous fait vous crisper sur un objectif que vous savez inatteignable mais qui nâen est que plus dÃĐsirÃĐ, qui vous fait perdre toute mesure et tout sens des rÃĐalitÃĐs, est lâun des pires dÃĐfauts que lâon puisse imaginer chez un gouvernant. François Hollande se veut persistant ; hÃĐlas, il nâest quâentÊtÃĐ.
Les prÃĐvisions de croissance, qui dÃĐterminent largement la trajectoire de rÃĐduction des dÃĐficits et de la dette, ÃĐtaient connues dÃĻs le mois de septembre. Aux 0,8% de croissance qui, à lâÃĐpoque, constituaient le credo du gouvernement et de ses reprÃĐsentants, les ÃĐconomistes pouvaient dÃĐjà rÃĐtorquer des chiffres bien plus faibles, compris en 0 et -0,5%. La raison en ÃĐtait, et en est toujours, fort simple. Pour rÃĐduire le dÃĐficit au-dessous de la valeur de la croissance nominale, ce qui est la condition dâune rÃĐduction du poids de la dette en pourcentage du PIB, un gouvernement peut augmenter les impÃīts ou diminuer les dÃĐpenses ; le gouvernement français a choisi de faire les deux. Or, ces deux politiques ont un impact nÃĐgatif de la croissance. En fait, celle-ci est liÃĐe à la pression fiscale comme au montant des dÃĐpenses par ce que lâon appelle le ÂŦ multiplicateur des dÃĐpenses publiques Âŧ, qui est et sera la grande vedette de lâannÃĐe 2013. Or, on sait depuis lâhiver 2010-2011 que la valeur de ce multiplicateur varie fortement suivant quâun pays est en expansion ou en stagnation. Quand tout va bien, des valeurs infÃĐrieures à 1 sont la rÃĻgle, en gÃĐnÃĐral autour de 0,5 à 0,6. Mais, quand on est face à des difficultÃĐs ÃĐconomiques importantes, la valeur de ce multiplicateur augmente fortement, pour atteindre de 1,5 à 2,5. En fait, il a ÃĐtÃĐ calculÃĐ Ã 1,7 en Espagne et à 2,1 en Italie. Un taux de croissance de 0,8% en 2013, compte tenu des augmentations dâimpÃīts et des rÃĐductions de dÃĐpenses publiques qui ÃĐtaient engagÃĐes, ÃĐtait compatible avec une valeur de 0,5, mais pas avec des valeurs supÃĐrieures à 1. Un calcul rÃĐalisÃĐ Ã partir dâune valeur de 1,4, soit un chiffre infÃĐrieur aux chiffres Espagnols et Italiens, et se situant à la limite basse des ÃĐtudes ÃĐconomÃĐtriques, donnait une croissance à 0%. Câest ce qui fut publiÃĐ sur ce carnet dÃĻs octobre 2012.