L’article qui suit est issu du blog : http://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.com
Humanisme contre matÃĐrialisme, pour vivre mieux moins nombreux
ÂŦ Il nây a richesse, ni force que dâhommes Âŧ.
Lorsque Jean Bodin rÃĐsumait ainsi sa pensÃĐe, nourrie des valeurs de la renaissance, pensait-il que son aphorisme connaÃŪtrait la postÃĐritÃĐ et qualifierait un jour, sans le moindre fard, notre sociÃĐtÃĐ ? C’est ce qui a lieu en tout cas de nos jours, bien au-delà de ce que permettait d’imaginer l’humanisme de son ÃĐpoque â parenthÃĻse d’une ÃĐvolution allant de l’esclavage antique aux formes d’aliÃĐnation auxquelles est parvenu l’homme, que ce soit par le travail ou par le profit qu’il en tire.
S’il est arrivÃĐ que l’Être humain, dans la diffÃĐrence à laquelle il prÃĐtend par rapport aux autres espÃĻces animales, ait pu se considÃĐrer comme dÃĐpositaire d’un trÃĐsor spirituel, le progrÃĻs a eu tÃīt fait de le lui confisquer. La quantitÃĐ supplantant la qualitÃĐ, homo « ÃĐthicus » a ÃĐtÃĐ progressivement remplacÃĐ par son nombre (ou son ombre), devenu l’indicateur suprÊme de la puissance des citÃĐs, des nations et de la sociÃĐtÃĐ.
Pour ceux qui douteraient de cette rÃĐalitÃĐ, les lignes ci-aprÃĻs, empruntÃĐes à Turmeau de la MorandiÃĻre, continuateur zÃĐlÃĐ de Jean Bodin, sont rÃĐvÃĐlatrices du pragmatisme, voire du cynisme, sur lesquels ont toujours reposÃĐes les incitations à croÃŪtre et à multiplier, dispensÃĐes aux peuples.
ÂŦ Les bestiaux sont plus nÃĐcessaires à un Ãtat qu’on ne se l’est imaginÃĐ jusqu’à prÃĐsent. Si on en eut connu toute l’importance, le Conseil se serait occupÃĐ du soin de les faire multiplier. il est temps d’ouvrir les yeux sur ce point de vÃĐritÃĐ ; sans bestiaux il n’y aura pas d’engrais, et par consÃĐquent les productions en grains et grenailles de toutes espÃĻces, en lÃĐgumes, en vins, en fruits, en foins et paille seront mÃĐdiocres ; de dÃĐcroissements en dÃĐcroissements il n’y aura donc par succession de temps ni pain, ni vin, ni fourrage, ni autres subsistance pour hommes et chevaux ; ni chanvres ni laines, ni soie pour se vÊtir ; et c’est ce qu’on doit craindre. Sans manufactures par consÃĐquent et sans commerce, la finance, ce corps quelquefois nÃĐcessaire, sans cependant en faire trop d’usage, ni le considÃĐrer comme la colonne de lâÃtat, suivant l’expression d’un Premier ministre, s’ÃĐcroulera. Sans argent, sans subsistances, sans denrÃĐes d’aucune nature, sans ressources, les armÃĐes n’iront pas loin, et ne tarderont pas à se dissoudre ou à se disperser ; les soldats se battront mal et pÃĐriront ; les chevaux auront la mÊme fin avant d’avoir fait le moindre service ; les habitants des villes et campagnes riches et pauvres manqueront des choses les plus indispensables, et mourront de faim, de froid et de misÃĻre ; sans hommes dans le royaume, il n’y aura plus ni soldats, ni matelots, ni ouvriers et le royaume, enfin, sans habitants, deviendra le repaire des lions, des lÃĐopards, des ours, et n’aura plus besoin de ministres ni de gÃĐnÃĐraux. Les financiers joueront un pauvre rÃīle vis-à -vis des bÊtes fÃĐroces ou des bÊtes fauves ; c’est donc ici la cause commune du roi, de son sage Conseil et de ses fidÃĻles sujets ; cause par consÃĐquent extrÊmement importante pour tous les Ãtats, pour toutes les professions. Âŧ
ÂŦ Si je ne craignais d’autoriser le vice, et d’achever de corrompre les mÅurs qui ne sont dÃĐjà que trop relÃĒchÃĐes et trop dÃĐrÃĐglÃĐes, j’adopterais le projet que ChÃĐvrier prÊte à feu M. le MarÃĐchal de Belle-Ile dans son prÃĐtendu testament politique. Ce serait, 1° d’ÃĐtablir à Paris comme à Berlin [l'allemagne donnait dÃĐjà l'exemple], une maison dÃĐcente pour y recevoir dans le plus grand secret les filles de familles honnÊtes enceintes, pour les y traiter avec douceur, et ce pendant le temps de leur grossesse, et mÊme dÃĻs son commencement. 2° de tenir la main à ce que les filles du menu peuple et les filles publiques qui vont faire leurs couches à l’HÃītel Dieu de Paris, y fussent traitÃĐes avec beaucoup plus d’humanitÃĐ et de soins qu’elles ne le sont, et qu’il leur fÃŧt donnÃĐ aprÃĻs leur parfait rÃĐtablissement, et en sortant de la maison, la somme de cent cinquante livres, si elles ÃĐtaient accouchÃĐes d’un garçon, et celle de trente livres si elles n’ÃĐtaient accouchÃĐes que d’une fille, l’une et l’autre desquelles sommes leur seraient payÃĐes comptant et sur leurs quittances.
J’apprÃĐhenderais cependant qu’un pareil ÃĐtablissement qui, à certains ÃĐgards serait trÃĻs bon et trÃĻs avantageux, puisqu’il tend à conserver des crÃĐatures faites pour servir Dieu, à multiplier le nombre des citoyens et à enrichir lâÃtat, ne fut un nouvel attrait pour le libertinage et l’effrÃĐnation, qu’il ne fut mÊme un ÃĐloignement pour le mariage, que les nations policÃĐes doivent chÃĐrir et respecter, puisqu’il assure leur tranquillitÃĐ et leur bonheur. Âŧ
ÂŦ Dirai-je mÊme à cet ÃĐgard que la crainte d’avoir une nombreuse famille, qui expose les pÃĻres, les mÃĻres et les enfants à mourir de faim, fait de tous ceux qui s’engagent dans cet auguste sacrement, autant de sacrilÃĻges impies qui le profanent sans scrupule, et par un faux systÃĻme d’ÃĐconomie et de prudence. Nous ne voulons pas avoir beaucoup d’enfants, disent-ils, parce que nous ne sommes pas en situation de les nourrir, de les entretenir, encore moins de leur procurer une aussi bonne ÃĐducation que nous le dÃĐsirerions, ni un ÃĐtablissement avantageux. Âŧ
ÂŦ Quelques grands que soient nos maux, il est encore temps de les guÃĐrir radicalement, pourvu qu’on en diffÃĻre pas les remÃĻdes. InvitÃĐs au mariage par l’ordonnance que je demande contre l’oisivetÃĐ, les sujets les plus sages comme les plus libertins, par des rÃĐcompense que sa majestÃĐ accordera, et qu’on distribuera fort exactement aux pÃĻres et mÃĻres des familles nombreuses, à l’imitation de Louis XIV qui, dans les commencements de son rÃĻgne accorda pendant cinq annÃĐes l’exemption de taille à tous ceux qui se marieraient, et une exemption de toute nature d’imposition pendant sa vie au pÃĻre de famille qui avait dix enfants vivants. Âŧ
ÂŦ Attachez une sorte d’infamie à la vie des cÃĐlibataires sÃĐculiers de l’un comme de l’autre sexe : les garçons la mÃĐrite puisqu’ils sont tous libertins. Imposez-leur une taxe particuliÃĻre, humiliante et forte, dont ils ne pourront s’affranchir qu’en se mariant. DÃĐfendez par la mÊme ordonnance à tous jeunes gens, garçons et filles, qui souvent par fainÃĐantise, quelquefois par enthousiasme, se destinent à la vie nonchalante des mystiques encloÃŪtrÃĐs, de se lier par aucun vÅu, qu’ils n’aient atteint, savoir les hommes l’ÃĒge de trente-cinq ans et les filles celui de trente ans, à peine de nullitÃĐ. DÃĐfendez pareillement aux communautÃĐs religieuses de l’un et l’autre sexe, mÊme aux Chartreux et Trappistes, de recevoir aucun sujet avant vingt-neuf ans pour les filles et trente-quatre pour les hommes, pour faire leur noviciat, sous peine de cinq cents livres d’amende contre les maisons conventuelles et les communautÃĐs oÃđ les vÅux auront ÃĐtÃĐ prononcÃĐs, et ce pour la dÃĐsobÃĐissance et contravention ; attendu qu’avant de parvenir à l’un ou l’autre de ces deux ÃĒges, chaque postulant aura eu le temps et les moyens de se consulter et d’ÃĐprouver sa vocation avec autant de rÃĐflexion qu’en exige un ÃĐtat si sain et si mÃĐritoire. Âŧ
ÂŦ Pour lors le ciel et la terre y gagneront en habitants ; l’objet de la crÃĐation de l’homme se remplira ponctuellement et tel que Dieu le veut. La population du royaume se multipliera, lui procurera en abondance des denrÃĐes de toutes espÃĻces de son crÃŧ, des richesses numÃĐraires, et le rendra florissant et redoutable à toutes le nations. Âŧ
Et selon les propos suivants, extraits du livre de Alan Weisel « COMPTE Ã REBOURS », de tels prÃĐceptes perdurent :
ÂŦ – Rio 1992 – Sommet de la Terre – âĶ LâÃglise eut aussi une influence considÃĐrable sur les nÃĐgociations prÃĐliminaires et rÃĐussit à faire supprimer l’expression planification familiales et le mot contraception des ÃĐbauches de la dÃĐclaration commune … Le Saint-SiÃĻge n’a pas cherchÃĐ Ã ÃĐliminer les questions relatives à la population ; il a simplement tentÃĐ d’en amÃĐliorer la formulation, dÃĐclara le Vatican lorsqu’il eut obtenu satisfaction.
Pour les multinationales qui ÃĐtaient les principaux sponsors du Sommet, l’accroissement des populations ÃĐtait synonymes à la fois de main d’Åuvre peu coÃŧteuse et de marchÃĐs toujours plus vastesâĶ Âŧ
Et l’Islam n’est pas en reste, car si ÂŦ Dans le Coran, le ProphÃĻte conseille aux parents de ne pas faire plus d’enfants qu’ils n’ont les moyens d’en ÃĐlever. Âŧ, ÂŦ Comme aimait à dire Yasser Arafat : La meilleure arme de l’Organisation de libÃĐration de la Palestine, c’est l’utÃĐrus des Palestiniennes. Âŧ et comme l’ont proclamÃĐ proclamÃĐ en leur temps d’autres responsables politiques, dont houarri BoumÃĐdienne à la tribune de l’ONU, ÂŦ c’est par le ventre de ses femmes que l’Islam compte faire la conquÊte du monde Âŧ ; pendant qu’en IsraÃŦl ÂŦ les familles ultra-orthodoxes comptent en moyenne prÃĻs de sept enfants et les fratries de dix ou plus ne sont pas rares. Âŧ âĶ pour tenter de surpasser en nombre la population palestinienne.
Mais dÃĐfiant toutes considÃĐrations religieuses, philosophiques ou politiques, la richesse ainsi promue se dÃĐprÃĐcie, et l’inflation qui la touche pourrait conduire à son effondrement ; aboutissement de la courbe de vie, sinon de l’espÃĻce du moins de notre civilisation.
Pourtant, comme si de telles aberrations n’existaient pas, les pouvoirs restent maÃŪtres de cette richesse faite des hommes, pendant que ceux d’entre eux qui ont à s’en plaindre se limitent à contester les conditions du partage d’une autre richesse : celle qui rÃĐsulte de leur activitÃĐ. En effet, si la sociÃĐtÃĐ se mesure au nombre des individus qui la composent, toutes conditions confondues, force est de constater que par un mÃĐcanisme liÃĐ aux hasards de leur naissance, le profit tirÃĐ du travail du plus grand nombre va en tout premier lieu à cette ÃĐlite, tant spirituelle que matÃĐrielle, qui l’encourage si rÃĐsolument à se multiplier. En rÃĐaction à une telle « exploitation de l’homme par l’homme », la rÃĐvolte s’est d’abord manifestÃĐe et survit dans l’archaÃŊsme d’une lutte des classes ayant pourtant dÃĐmontrÃĐe sa stÃĐrilitÃĐ, un pouvoir chassant l’autre et les catÃĐgories sociales continuant à se partager les mÊmes ÃĐtages d’une pyramide sociale dans laquelle, par simple effet de proportionnalitÃĐ, les pauvres croissent en nombre, plus vite que les autres catÃĐgories sociales, aggravant sans cesse leur propre sort. La part du progrÃĻs revenant à chacun ÃĐtant d’autant plus rÃĐduite que sont nombreux ceux qui se la partagent, ils peinent à concevoir qu’ils seraient les premiers, s’ils ÃĐtaient moins nombreux, à Être plus heureux.
Quoi qu’il en soit, le surnombre ne peut qu’Être source des pires difficultÃĐs, ne serait-ce que par son ingouvernabilitÃĐ, attestÃĐe par les difficultÃĐs croissantes à simplement gouverner le nombre. Les dÃĐsordres sociÃĐtaux et environnementaux que nous connaissons d’ores et dÃĐjà en annoncent bien d’autres, d’ampleur incalculable, qui accompagneront inÃĐvitablement l’expansion cinÃĐtique de la pauvretÃĐ et le partage de ressources planÃĐtaires ne pouvant aller qu’en s’amenuisant.
Surpassant sans cesse l’action d’innombrables organisations humanitaires, d’essence tant privÃĐe que publique, cherchant à la rÃĐduire, la pauvretÃĐ matÃĐrielle ne sera d’ailleurs pas la seule cause de nos maux ; d’autres formes l’aggraveront, telles que l’uniformitÃĐ, l’indiffÃĐrence ; un chacun pour soi exacerbÃĐ par des restrictions en tout, et l’impuissance. Pour ce qui est de l’espace vital, l’homme a dÃĐjà dÃĐmontrÃĐ qu’il ÃĐtait compressible ; reste à savoir dans quelles limites. En ce qui concerne les besoins alimentaires, principale prÃĐoccupation des malthusiens, est-il permis d’espÃĐrer que le gÃĐnie humain saura y pourvoir, avec ou sans intervention divine ? Quant à l’agoraphobie, il reste à ceux qui en souffrent à se faire une raison, de mÊme que pour une inÃĐvitable restriction des libertÃĐs. Car la libertÃĐ elle aussi est une richesse qui se partage, et plus le nombre de ceux qui y prÃĐtendent est grand, plus est rÃĐduite la part qui en revient à chacun.
Face à de telles perspectives, nombre de ceux qui en souffrent le plus continuent à afficher les taux de fÃĐconditÃĐ les plus ÃĐlevÃĐs, comme rÃĐpondant à un instinct de conservation de l’espÃĻce particuliÃĻre qu’ils semblent former, avec l’aide de dogmes et idÃĐologies se faisant les ennemis rÃĐsolus de la dÃĐnatalitÃĐ, sur fond de rÃĐsignation ou d’intÃĐrÊt. Pourtant, toujours par effet de proportionnalitÃĐ, cette dÃĐnatalitÃĐ toucherait majoritairement surtout les plus pauvres, ce dont tous les pouvoirs devraient Être conscients, ne serait-ce qu’en raison du bÃĐnÃĐfice qui en rÃĐsulterait pour eux-mÊmes, en rÃĐponse à une pression qui monte chaque jour un peu plus, avec la puissance des centaines de milliers d’Êtres humains supplÃĐmentaires qui dÃĐferlent chaque jour sur la planÃĻte.