Je ne sais pas si vous avez bien conscience de ce que vous énoncez ici, je cite :
« …artisans qui n’ont pas la possibilité de partir ou mettre le siège social ailleurs qu’en France, ni de délocaliser leurs société. Cette situation de prisonnier de la France… »
Moi, ce que je décrypte, c’est que vous regrettez de ne pas pouvoir pratiquer l’optimisation fiscale des « gros » dont les avantages financiers vous font rêver, tout en vous réclamant d’être des « petits » qui feraient tourner ce pays par essence.
On voit bien là que ce n’est plus le cas, et que ce que vous demandez, ce n’est pas de faire tourner votre entreprise dans les meilleures conditions (y compris celles de vos salariés et collaborateurs), mais de bénéficier des mêmes avantages que le capitalisme financier, jonglant avec les paradis fiscaux, le dumping social, et les montages financiers. Si nos petits commerçants, pour lesquels j’avais jusqu’ici beaucoup d’estime en sont là, je trouve ça vraiment triste.
Cette avidité crasse qui s’est emparé des grandes sociétés françaises (qui n’en ont plus que le nom), depuis qu’elles sont devenues des multinationales uniquement préoccupées de leur expansion à tout prix, au sein d’une mondialisation folle qui détruit les hommes dans tous les pays (et ici aussi, où chaque « délocalisation » que vous réclamez, détruit un emploi français), c’est donc devenu AUSSI le seul moteur de nos artisans, commerçants et consorts, leur seule perspective d’après vous étant de devenir un groupe de pression assez puissant pour peser sur le gouvernement de fantoches qui est le notre, et qui détruit notre pays au profit justement de ces lobbies ???
C’est vraiment d’une tristesse infinie, de n’avoir comme seul et unique but, de faire du profit, quels qu’en soit les moyens et le coût, et de ne se mobiliser que dans l’espoir d’engranger les dividendes, sans plus aucun autre idéal que de dégager du fric et d’espérer devenir aussi gros que les autres pour peser, comme eux, sur l’obtention d’avantages que ce pays pourrait offrir, comptant tout de même encore en attendant, sur les gens « d’ici » (dont on pointe les frilosités de consommation), tout en cherchant à fiscalement les fuir.
D’où cette idée vraiment moche d’être « Prisonnier de la France », dont on est bien content de profiter pour développer ses ventes grâce à ses (frileux) consommateurs, mais dont on voudrait s’extirper pour dégager une fiscalité plus rémunératrice.
Je sais bien que votre situation est difficile et que la Hollandie est le pire de ce que la France a du supporter jusqu’ici, et la grève de l’impôt est loin de me déplaire.
Mais, ce qui sous tend votre proposition n’est pas le retour dans notre pays de l’entrepreneuriat réel, du commerce et de l’artisanat de proximité, de l’unification de la France vers un chemin de compétences, de savoir faire et de priorité à la qualité et à la différence avec les productions chinoises à bas coûts, mais au contraire leur alignement, fiscal pour commencer, sur la marchandisation globale et toute la casse qui va avec, afin d’optimiser les bénéfices et de grossir son marché.
Je trouve ça vraiment dommageable, et c’est, à mon avis, tout le contraire qu’il faudrait envisager, recentrer les petites entreprises sur le marché local, qui est à développer dans une France qui doit s’extraire de la mondialisation forcée qu’on lui impose, et retrouver son propre rythme.
Cette fuite à l’international au mépris du pays dans lequel on s’est lancé, qui est désormais la marque de fabrique de tous les grands groupes dont vous parlez (orange, edf, etc.) ruine la France et tue les gens comme vous, et vous, vous souhaitez simplement pouvoir leur ressembler ???
En ce qui me concerne, je ne souhaite pas devenir un esclave chinois aux cadences infernales, qui ne serait plus qu’une variable d’ajustement dans son pays, comme c’est déjà le cas pour tous les salariés de ces grands groupes.
Je comptais sur les commerçants et autres entreprises artisanales de mon pays pour soutenir une France de qualité, indépendante, fière de son talent, enracinée, frondeuse et courageuse, hostile à la ruine de ses produits et de ses structures par le rouleau compresseur de la financiarisation et du profit, je m’aperçois avec horreur que pour un plat de lentilles et quelques avantages, elle est au contraire toute prête à y collaborer…